« Février débarrasse, mets donc ça sur la glace, février maudit mois qui en finit pas, je t’aime au fond quand t’es plus là ! »
Extrait de la chanson « Février » de Vincent Vallières
Pelleter, travailler, skier, éternuer, patiner, tomber, se reposer. Avant que se renouvelle le printemps et que s’active le soleil de l’été, il nous faut passer par l’hiver. Et comme dit la chanson, parfois, on a bien hâte qu’il débarrasse ! Contrairement aux saisons plus clémentes de l’année, l’hiver nous rappelle que tout demande un effort : s’habiller, se nourrir, marcher sans glisser, sortir et pelleter. Même notre cerveau semble éteindre sa lumière, comme si rester positif demandait trop d’efforts ! Alors comment passer à travers cette saison malgré les obstacles qu’elle met sur notre chemin ? Tel un chat sauvage, l’hiver semble nous demander de l’apprivoiser. Forcé par les virus, les tempêtes de neige et le manque de soleil, le repos est souvent au rendez-vous. Des défis qui peuvent nous faire vivre des montagnes russes d’émotions. Dans l’article « Le cerveau a aussi besoin de vacances » de la revue Québec-Sciences, Marie Lambert-Chan1 rapporte que « ce temps livré au repos serait loin d’être une perte de temps ». En fait, dans les moments de détente, le cerveau entrerait dans un état qui n’est ni à la tâche ni endormi et où il activerait un RMD soit un réseau du mode par défaut. C’est un peu comme mettre son cerveau en mode vacances. «Il est de plus en plus évident que cette pensée non dirigée est cruciale pour consolider son identité et donner du sens à sa vie », déclare Mary Helen Immordino-Yang, neuroscientifique et psychologue, qui enseigne au Brain and Creativity Institute de l’université de Californie du Sud à Mme Lambert-Chan. D’ailleurs, n’est-il pas intéressant de noter que la nouvelle année avec ses bonnes résolutions et ses remises en question soit fêtée justement dans l’hiver ?
Et pourquoi pas voir cette saison comme une occasion de passer aussi à l’action ? Notre histoire ancestrale nous rappelle que nous sommes des conquérants du froid2! Nous avons réussi à nous adapter à ce climat plutôt que de nous laisser abattre. Nous avons compris que nous devions nous rallier les uns aux autres pour survivre : profitons de l’hiver pour créer des moments de rassemblements avec les autres et s’impliquer dans nos communautés.
Puis malgré les conditions ardues de l’hiver, il nous reste un pouvoir très utile : celui de choisir comment réagir et s’adapter. Soyons attentifs à notre état d’esprit. Une tendance à la perfection, à voir plutôt le négatif et à imaginer des scénarios catastrophiques influencera négativement notre capacité à relever vos manches et faire face aux défis de l’hiver. Prendre conscience de ses pensées négatives est déjà un point de départ pour nous aider à les modifier. Reconnaître leur impact sur notre humeur et nos émotions nous permettra de choisir de suivre ou non ces pensées. Parce qu’après tout, ce ne sont que des pensées, du vent. Il suffit parfois de souffler pour les voir s’envoler !
Et l’action n’est pas à négliger : pratiquer des sports hivernaux permet de se changer les idées, stimuler les endorphines de notre cerveau et se sentir bien dans son corps. Que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur, l’activité physique démontre encore et toujours combien elle est nécessaire à la santé physique et mentale. Le psychiatre Madhukar Trivedi du centre médical Southwestern du Texas3, qui étude la relation entre le sport et les maladies mentales depuis plus de quinze ans confirme « La bibliographie scientifique qui présente l’exercice comme un facteur de lutte contre les maladies mentales est longue et riche.»
Alors pour commencer à faire du sens à notre hiver, prenons-le comme cette occasion privilégiée de revoir nos priorités au niveau de notre santé mentale et physique et de nos relations avec les autres. Comme le souligne Jacques Forest, psychologue et professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM)1 « …malheureusement, dans le train-train quotidien, nous sommes souvent trop occupés à accomplir une tâche après l’autre, ce qui nous empêche de nous laisser aller à ce que j’appelle une réflexion interne constructive.» Heureusement, l’hiver est là pour nous permettre de réfléchir de façon constructive! Et n’oublions pas, tout comme nos ancêtres, nous sommes aussi des conquérants!
1. Québec Sciences, Le cerveau a aussi besoin de vacances, Marie Lambert-Chan, Mai 2016
2. Montrealtherapy.com, Conseils professionnels pour surmonter la dépression saisonnière, Mayte Parada, Déc. 2016
3. Cerveau et Psycho No. 86, Le sport contre la dépression, Ferris Jabr, Fév.2017